Joe Haldeman
Imaginez une guerre si vaste que l'écho des batailles peut mettre plusieurs siècles à parvenir aux oreilles de ceux qui les ont ordonnées... enfin, de leurs descendants, en tout cas. Pour le soldat Mandella, membre de l'une des unités d'élite chargées de combattre les Taurans, le problème est inverse : lorsqu'il revient sur Terre après plusieurs mois de campagne, des décennies se sont écoulées. Comment continuer à vivre, quand tout ce pour quoi on s'est battu n'existe plus?
La Guerre Eternelle (The Forever War)
Joe Haldeman
première parution 1974
pour le commander : LaLibrairie.com
La guerre éternelle, est un roman de science-fiction "réaliste", loin du « space opera ». Aucune propulsion supraluminique, aucune arme laser. Haldeman, qui a étudié la physique et l’astronomie, tente de respecter, au mieux les théories d’Einstein.
Le voyage dans l'espace n'est pas sans désagrément : l'armée terrienne fait cette guerre aux confins de l'univers. Selon la Théorie de la relativité, lorsqu’un vaisseau approche de la vitesse de la lumière, soit 300 000 km/s, le temps se dilate pour ses occupants : par exemple, si un vaisseau circule à cette vitesse pendant un an, les passagers vieillissent d’une année, alors que sur Terre plus d’un siècle s’est écoulé.
À chacun de ses retours sur la planète mère, le soldat William Mandella perd peu à peu tous ses repères car la civilisation terrienne change. Par dépit, autant se réengager dans l’armée. William Mandella nous raconte son quotidien de militaire et les combats, jour après jour ou plutôt siècle après siècle. Jusqu'au moment de la démobilisation pleine de surprises car La Guerre Eternelle est également un magnifique roman aux forts accents pacifistes.
Dans une Amérique encore traumatisée par la Guerre du Vietnam, le succès critique et public est au rendez-vous dès sa sortie. La Guerre
Eternelle laissera ses lecteurs stupéfait d'admiration.
D'ailleurs, Joe Haldeman est l’un des quatre auteurs de science-fiction, qui a réussi un "doublé-doublé" : La Guerre Eternelle remporte les prix Hugo et Nebula en 1975, et sa
suite, La Paix Eternelle, gagnera les deux prix en 1997.
L’histoire se place dans le genre « science-fiction militaire ». L’anti-militarisme de Haldeman est une réponse à Etoile, garde-à-vous ! de Robert Heinlein (dont l’adaptation cinématographique est connue sous le titre de Starship Troopers).
Haldeman met en scène, sous une forme d’allégorie hallucinée, sa propre tragédie personnelle. La Guerre Eternelle, c’est son vécu du conflit au Vietnam. Un réel réquisitoire contre la guerre et une formidable aventure humaine.
La narration de Haldeman est brillante et complexe. Il innove avec la psychologie de ses personnages et ce par un ton particulier teinté d’ironie, d'humour noir et de sarcasmes. Entre scènes d’actions anthologiques, drames intimes et satire sociale, dans des décors inoubliables, il nous propose d’accompagner ses personnages principaux, William Mandela et Marygay Potter, dans l’une des meilleures histoires de science-fiction.
En 2001, il donnera une suite à ce chef d'œuvre, La Paix Eternelle.
A noter que les éditions Dupuis ont publié une adaptation en bande dessinée de La Guerre Eternelle, illustrée par Marvano. Elle paraît en trois volumes entre 1988 et 1989, ainsi que sa suite, sous le titre Libre à Jamais, également en 3 tomes entre 2002 et 2003 chez Dargaud. Les deux sagas en BD se trouvent encore dans le commerce sous forme d’intégrale dont la dernière édition date de 2019.
Article rédigé par le Chasseur PP.
© Illustrations BD Dupuis
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